Un abri particulier texte intégral
Fiction inspirée du réel
UN ABRI PARTICULIER
Laurel se rendit dans le jardin à la recherche de quelque chose de bien précis : son palais. À cette seule pensée, un flot de souvenir la submergea. Elle se revoyait courir pour s'y rendre. La jeune fille se trouvait enfin en face d'elle. C'était une cabane ayant l'apparence d'une bûche géante en bois. Elle ne possédait qu'une unique fenêtre à travers laquelle Laurel tenta de voir l'intérieur des lieux. Impressions et images aussi bien positives que nostalgiques se rappelèrent aussitôt à son esprit. Elle se remémorait parfaitement ce sentiment de sécurité et de bien-être qu'elle éprouvait autrefois à chaque qu'elle se rendait en ce lieu. Elle ouvra la porte d'entrée et s'engouffra à l'intérieur. Après avoir allumé la lumière, un bric-à-brac d'objet de bricolage et de cartons empilés remplacèrent son petit salon, sa cuisine improvisée ainsi que son atelier de peinture. Elle avançait prudemment le long de l'allée centrale lorsqu'elle trébucha sur un carton qui barrait le passage. Elle se pencha pour jeter un œil à son contenu. Ce dernier était ouvert, de nombreux jeux et jouets en débordaient. Laurel voulu le rapprocher d'elle quand l'un des objets tomba dans un bruit sec actionnant une musique douce qui lui rappela
LA BERCEUSE
Je me trouvais sur la table de chevet. Une partie de la pièce échappait à mon champ de vision. Je faisais face à la porte d'entrée qui était entrouverte. La chambre me sembla petite bien que je savais qu'elle ne l'était pas en réalité. De là où je me situais, je ne pouvais voir qu'une grande armoire, un miroir et des mini canapés autour d'une table ronde en bois. Je présumais que cet espace avait été aménagé en guise de salon. Je suffoquais à cause de la poussière qui m'encerclait.
La porte grinça et s'élargit un peu plus, sans pour autant s'ouvrir complètement. César pointa son nez, puis traîna le reste de son corps à l'intérieur, d'un pas nonchalant. A peine entrée, il inspectait la pièce sans doute à la recherche d'un endroit agréable. Il choisit de s'installer dans l'un des sofas du petit salon. Il somnolait, bailla deux fois, se lécha le museau, se roula en boule et s'endormit. Ce qui me paraissait étrange dans son comportement, c'était qu'à première vue il dormait. Pourtant, je le vis tantôt fermer les yeux, tantôt les ouvrir.
Je continuais de l'observer quand son regard se fixa sur moi. Ses yeux verts, grands ouverts me scrutaient. Leurs expressions alternaient entre l'avidité et la curiosité. Après quelques instants à me regarder, il se leva, s'étira et sauta du sofa. Je ne compris pas d'abord sa destination jusqu'à ce qu'il se trouva en face de moi. Il faisait le tour de la table de chevet à la recherche d'un moyen de m'atteindre. Je paniquai. Un souvenir désagréable vint à mon esprit. Je me rappelais de ce jour où César jouait avec Lulu la petite souris. Il s'amusait avec elle dangereusement en la balançant d'un côté sur l'autre à l'aide d'une de ses pattes. Il s'acharnait sur elle, en mordillant son corps frêle. Je n'avais pas envie de connaître le même destin. A ma grande satisfaction, il ne semblait pas trouver de technique pour arriver jusqu'à moi.
Alors que je me réjouissais de son impuissance, je ne le vis plus. Un ronronnement proche de moi m'inquiéta. Je priais pour que ce bruit ne fût que le fruit de mon imagination. Hélas, la vue d'une patte blanche poilue vint anéantir tous mes espoirs. Comment était-il parvenu à monter si haut, le mystère restait entier. Je revoyais la pièce dans ma tête. A ma droite se trouvait un lit. Mais sa hauteur ne permettait pas à César de grimper sur la table de chevet. A ma gauche trônait une lampe. Elle me paraissait géante du fait de ma petite taille. Prenant beaucoup de place, sa présence réduisait l'espace. César l'avait poussé grâce à son énorme derrière. Elle se tenait en équilibre au bord de la table de chevet. César éternua puis s'avança vers moi. Ne sachant pas ce qu'il avait derrière la tête, je m'éloignais en tournant sur moi-même. J'aperçu alors une grande chaise non loin de là. Je compris que c'était grâce à elle que César était parvenu jusqu'à moi. Je la maudissais intérieurement. César me renifla, je sentis le bout de sa langue sur moi.
- Beurk ! Bat les pattes César !
Comment diable aillais-je lui dire d'arrêter puisque je ne parlais pas le langage des chats. Je tentais une mélodie sensée dire :
- Arrête César, descend de là tout de suite !
Mais en vain. Il leva l'une de ses pattes et je vis ses griffes. Elles étaient acérées. Je pris peur, je commençais à vibrer et à émettre des notes d'angoisses. A mon grand désespoir, sa patte me toucha. J'émis un son aigu pour exprimer ma douleur. En effet, une griffure enleva une partie du vernis qui me recouvrait.
A force de me toucher, il finit par actionner ma manivelle. Je manquais d'inspiration pour l'éloigner de moi. J'étais à présent recouverte de griffure par-ci par-là. Je devais admettre que j'étais défigurée. Je réfléchissais lorsqu'une idée effleura mon esprit. Je recherchais dans mon répertoire musical une chanson apaisante. Je farfouillais laissant de côté les partitions inintéressantes. Je peinais à trouver la partition idéale. Fatiguée de chercher, je pris une pause. Pendant ce temps, l'animal me charriait toujours en me poussant avec l'une de ses pattes. Je tanguais à en avoir le tournis, mais je n'étais pas découragée. J'eus soudain l'illumination qui me manquait. Je me souvins d'une berceuse que je jouais souvent autrefois. Elle endormait tous ceux qui l'écoutaient. Je m'exécutais à l'instant, une mélodie douce, calme émanait dans toute la pièce.
César, surpris par ce changement de son, s'arrêta de me taquiner, les oreilles aux aguets. Sa réaction m'incita à jouer de plus en plus fort afin de poursuivre mon envoutement. Peu à peu, ses paupières commencèrent à ciller plus lentement qu'à l'ordinaire. Infatigable, je persistais dans mon jeu. Le chat se mit en position pour dormir, ce qui provoqua la chute de la lampe. Elle tomba avec fracas. César se réveilla en sursaut, ce qui me forçait à jouer avec plus de ferveur. Je parvins à réaliser mon objectif quelques instants plus tard à mon grand soulagement. C'était avec émerveillement que je constatais la puissance de ma berceuse. Elle résonnait dans la pièce comme un écho. J'entonnais ma berceuse, éternelle, digne boîte à musique que j'étais jusqu'à ce que quelqu'un ait la bonté de m'arrêter.
∞∞∞∞∞∞∞
Elle prit l'objet entre ses mains. Elle se demanda vaguement comment était-il possible qu'il puisse fonctionner encore depuis tout ce temps. Mais peu importe se disait-elle, cela n'a aucune importance. Elle le reposa à l'extrémité d'une table proche d'elle. Puis elle entreprit de fouiller le carton à la recherche d'autres objets auxquels elle tenait. Après avoir sorti un à un les vieux jeux de puzzle et de dînette, elle se lassa de sa recherche. Elle était sur le point de tout ranger lorsqu'elle reconnut les pieds de sa vielle amie de toujours, Susanne. Cette dernière se trouvait assise quelque part au fond du carton. Laurel l'y extirpa. Son crâne semblait fracturé, sans doute à cause du poids des objets qui se trouvaient au-dessus d'elle. Elle lui faisait penser à
UNE ÂME SANS VIE
Assise au milieu du jardin, je contemplais le paysage. En observant les fleurs qui dansaient sous le rythme du vent, je me sentais sereine dans cette atmosphère paisible. Seul le chant des oiseaux et le bourdonnement des abeilles interrompaient de temps en temps le silence qui régnait. Le son d'un rire amusé alerta mon attention. Je vis Calliope courir le long de l'allée du jardin. Elle poursuivait Gus le Saint Bernard. Il courait au-devant en aboyant. Elle finit par l'attraper de ses deux mains en écrasant le chien de tout son poids. L'animal se débattit pour se dégager de son étreinte. Cette dernière trouva près d'elle un morceau de bois qu'elle prit. Elle l'agitait sous le nez de Gus, fasciné par le mouvement, il bougeait sa tête de gauche à droite de façon comique. Calliope riait aux éclats. Gus bondit en ouvrant sa gueule pour attraper le bout de bois. Coincé entre ses dents, Calliope tentait de le lui retirer mais il tint bon. Elle finit par lâcher prise et le chien la regardait d'un air triomphant en bougeant frénétiquement sa queue.
Fatiguée de jouer, elle s'allongea sur l'herbe. Un papillon vint se poser sur son nez. Elle s'apprêtait à l'attraper mais il s'envola au premier mouvement. Elle se leva pour se diriger vers moi. Elle me prit dans ses bras et me serra très fort. Je l'entendis s'adresser à moi :
- Vient Suzy ! on rentre à la maison, il va bientôt pleuvoir.
Nous arrivions à la porte d'entrée lorsque la pluie tomba. Elle monta dans sa chambre, me posa en face de la fenêtre et sortit, me laissant seule dans la pièce. Il faisait noir, pas une seule lumière n'éclairait la pièce. Pour ne pas céder à la panique, je me rappelais les évènements de cet après-midi à ma manière. Laissant mon imagination prendre place, je me revoyais, assise au milieu du jardin, contemplant le paysage. Soudain, une lumière aveuglante dont je n'arrivais pas à m'expliquer l'origine vint m'éblouir. Elle éclaira mon visage, lui donnant la chaleur qui lui manquait.
Je distinguais au loin une masse nuageuse annonçant un orage. Je compris alors que la lumière qui m'avait ébloui n'était rien d'autre qu'un éclair. Comme un déclic, je pensais à ma réelle condition. La triste vérité était que la plupart du temps, j'étais condamnée à attendre au même endroit, je n'étais pas maîtresse de ma volonté. Contemplatrice assidue, je devais rester constamment là où l'on désirait que je fusse. Pour éviter l'ennui, j'observais les nombreux visages qui défilaient devant moi. Ils changeaient souvent d'expression qu'au début, je peinais à comprendre quelque chose. Mais au fil du temps, je finis par les saisir. Tous les jours se ressemblaient, il n'y avait aucune nouveauté. Un jour, j'eus une idée. Je tentais de m'approprier des sentiments à travers les visages que j'observais. L'idée me plut tellement que je l'exécutais dès que l'occasion se présenta. Ce jour-là, mon expérience débutait avec Calliope et depuis je ne la quittais plus.
En fait, je n'avais rien à faire en particulier. Elle me racontait ses joies, ses tristesses, ses peurs et même ses souvenirs. Je ne pouvais pas toujours l'accompagner. Cela rendait parfois difficile la compréhension des évènements. Calliope et moi avions joué cet après-midi-là. Elle était enjouée et son éclat de rire résonnait encore dans ma tête. L'horloge sonna sept-heure du soir. Elle me renseigna qu'il s'agissait de l'heure du dîner. Elle me demanda de rester dans la chambre et en contrepartie, elle me promit de m'apporter quelque chose à grignoter lorsqu'elle reviendra. Une heure et demie s'écoula depuis qu'elle était partie. Je fredonnais dans ma tête une chanson qu'elle m'avait apprise. Le grincement de la porte m'indiqua que quelqu'un entrait. Je mis un peu de temps à reconnaître mon amie car la pièce était sombre.
J'observais son visage et parmi les expressions que je connaissais, je reconnus la tristesse. Elle s'assit sur son lit, perdue dans ses pensées. Elle fondit en larme, se leva, me prit dans ses bras et retourna vers le lit. Mon visage était collé au sien, ses larmes tombèrent sur mes joues pâles. Après quelques instants, elle arrêta de pleurer et me parlait.
- Je suis désolée Suzy ! m'annonça-t-elle.
J'ignorais la signification du mot « désolé ». Je ne le sais toujours pas d'ailleurs. Elle poursuivait :
- Maman m'a disputé parce que j'ai fait tomber sa vase préférée en jouant avec Gus.
« Disputer », je compris ce que cela voulait dire. C'était quand les adultes parlaient avec une voix assez forte.
- Tu sais Suzy, je suis contente que tu sois ma meilleure amie et que je peux tout te confier.
En effet, je suis comme une éponge absorbant tout sur son passage, je gardais au fond de moi toutes les confidences de chacun. J'étais la meilleure amie d'une personne et de tout le monde à la fois. Au bout d'un moment, sa respiration devint régulière. J'en déduisais qu'elle dormait. Moi, je ne dormais jamais.
Depuis ce jour, je continuais mon expérience. Après avoir étudié Calliope, j'examinais et considérais les personnes qui se présentaient à moi. En faisant cela, leur joie, leur désarroi, leur peur et même leur souvenir devenaient miennes. J'avais parlé grâce à leur bouche, parfois même j'avais chanté. On me confiait tant d'amour que je comprenais presque ce qu'était d'être aimé. Mais malgré cela, je demeurais meurtrie, parce que c'était toujours les autres qui m'aimaient mais moi je ne pouvais aimer personne. Je paraissais de marbre et de glace à chaque fois que l'on me parlait. Pourtant, Calliope n'avait jamais cessé de m'accorder sa confiance et son amour en sachant que jamais je ne parviendrai à le lui rendre. Pourtant Dieu seul savait combien bouillonnait en moi l'envie de lui exprimer tout mon amour et ma gratitude.
Je méditais sur cette pensée lorsque je remarquai que l'obscurité gagnait de plus en plus d'ampleur. Les nuages assombrissaient le ciel et je ressentais que les ténèbres m'engloutissaient. Un violent tonnerre interrompit le silence. L'orage arriva. La pluie martelait le toit dans un vacarme assourdissant. Ses gouttes ruisselant sur la vitre remplacèrent les larmes que j'aurai voulu verser. Pour marquer sa domination, un second tonnerre puissant fit trembler les murs ainsi que mes membres, leur permettant pour la première fois de connaître un semblant de vie. Mais pour combien de temps ?
A peine le second tonnerre eut fini de produire son effet, qu'un troisième sonna plus fort que les deux premiers. Cette fois, ce n'était pas la vie qu'il venait m'offrir mais la délivrance. Avant de m'écrouler, inerte sur le sol, sa lumière vive illumina pour la dernière fois mon visage cireux. J'entendis quelqu'un prononcé mon nom comme dans un rêve.
Je n'avais pas de dernière pensée puisque je ne suis qu'une simple poupée en porcelaine.
∞∞∞∞∞∞∞
Après avoir regroupé l'ensemble des jeux de nouveau dans le même carton, Laurel saisit les deux objets qu'elle chérissait le plus dans ses bras avant de continuer son inspection de la pièce. Elle se dirigea vers l'endroit qui était autrefois son royaume, le petit salon. Un sentiment d'émerveillement traversa son esprit lorsqu'elle identifia ce qu'elle a toujours baptisé comme étant,
Le miroir du rêve
Pour se rassurer, la plupart des gens disaient que l'apparence n'avait pas d'importance, que la valeur d'une personne se mesurait à sa beauté intérieure. Mensonge. Impossible de passer à côté. Exposé dans plusieurs endroits différents, c'était surtout dans les maisons qu'elle exerçait son charme. Elle était recherchée, convoitée par tous. Sa compagnie semblait indispensable. Elle était destinée à plusieurs choses : animer, divertir, informer. Mais son ultime pouvoir était de faire rêver. S'adressant particulièrement aux femmes, elle ne paraissait pas avare de promesse et de produits les concernant. Aucun détail n'était épargné. Tout pouvait être perfectible.
Elle débuta par l'aspect global de l'apparence physique, le corps. Avoir un corps aminci pour se sentir plus belle répétait-elle sans cesse. Ses conseils minceurs ne manquaient pas. À commencer par le choix de l'alimentation. Une variété de barre protéinée défilait chacun à son tour. Une femme d'affaire se trouvait en face d'un distributeur de sandwich. Elle tenait dans sa main droite une barre protéinée. Elle semblait hésiter. Une bulle nuageuse se formait au-dessus de sa tête illustrant la lutte qui faisait rage en elle. Elle se voyait manger le sandwich en étant toute rondelette et déprimée. Puis elle se regardait en train de croquer un morceau de la barre protéinée visiblement de bonne humeur avec une silhouette parfaite. Après cela, le choix lui fut plus facile. Après quoi, elle retourna dans son bureau et marcha droit devant elle, brandissant une barre protéinée. Cette dernière ressemblait à un biscuit enrobé de chocolat.
Afin de démontrer la diversité de ses produits, notre vendeuse proposait aussi un yaourt à boire en guise de repas. Un grand verre transparent était posé juste à côté. Yaourt et verre se trouvaient à l'extrémité d'une table de cuisine. Une femme s'y dirigeait et versa le contenu du pot de yaourt dans le verre avant de goûter une gorgée. Elle affichait à présent un large sourire devant l'objectif, confirmant ainsi l'effet recherché, la satisfaction d'avoir pris un repas sensé être équilibré.
Il fallait maintenant s'attaquer aux différents soins à apporter à l'ensemble du corps. Un tube contenant une crème se distingua sur le fond d'un mur. Une femme se trouvait à proximité, tenant entre ses mains un bout de crème qu'elle s'empressa d'étaler sur sa cuisse. Après cette démonstration, une voix féminine s'éleva de nulle part affirmant qu'au bout de sept jours les effets amincissants étaient visible. Réduisant ainsi le nombre de jour pour maigrir.
Après quoi, elle entreprit de présenter détail par détail ce qu'il fallait améliorer sur soi pour une meilleure apparence. Fabriqué à partir d'extrait d'huile végétale naturelle, elle vantait les mérites d'un shampoing. Ce dernier d'après elle rendra les cheveux plus doux, plus lisses, plus brillants. Une jeune femme faisait face à un miroir. Son reflet semblait sourire à ceux qui la regardait. Ses cheveux bruns luisaient sous la lumière des projecteurs. Elle se leva, disparut de l'objectif pour réapparaître avec des cheveux roux. Une fois le problème des cheveux résolu, elle aborda celui du visage. Mais elle insistait surtout sur les yeux. Ce zoom semblait vouloir dire "vous souhaitez un regard intense ! Cela ne tient qu'à vous". Voici le mascara et l'eyeliner qui illumineront votre regard. Elle enchaîna, adieu boutons, taches, cicatrices et rougeur car ceci est le remède pour un teint idéal. Texture fluide, facile à étaler, elle énonçait à présent une série de fond de teint. S'ensuivait une liste de crème pour visage : crème adoucissante, crème hydratante, crème anti-tache et bien d'autres encore. La beauté du visage ne pouvait être évoquée sans parler rouge à lèvres. Disposés les uns à la suite des autres, ils étaient rangés de la couleur la plus froide "rose pâle" vers la couleur la plus chaude "rouge hibiscus". Pour compléter le tout, des crayons à lèvres pour mieux les valoriser trancha-t-elle. Pourquoi se donner tant de mal pour faire briller ses lèvres si l'objectif n'était pas d'avoir un beau sourire. D'une démarche assurée, élégamment habillé, un jeune homme longeait une allée, un sourire éclatant sur son visage. Il montrait ainsi ses dents parfaitement alignées. Mais le plus surprenant était la blancheur de ces-dernières.
Avoir des cheveux brillants, amplifier l'intensité d'un regard, avoir un sourire éclatant et un visage rajeunit ainsi qu'une silhouette amincie, tels étaient les promesses de la télévision.
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C'était un vieux modèle en forme de carré qui de toute façon n'avait jamais marché. Elle lui servait de décoration d'où son appellation. Laurel s'était rendue dans son ancien palais afin d'y chercher un simple tournevis. Mais elle y trouva bien plus. La jeune fille émue par ses souvenirs d'enfance voulu transporter avec elle les trois objets.
De nouveau dans le jardin, elle les examina. Elle comprit alors que poursuivre son attachement face à ces objets et de continuer à considérer son grenier comme étant son merveilleux palais c'est renoncer à évoluer. C'est pourquoi, elle les ramassa, s'éloigna à grand pas du grenier le cœur meurtri mais avec un esprit déterminé. Toujours le cœur serré, elle expédia les trois objets qu'elle avait emporté à l'arrière de la voiture afin de les jeter à la déchèterie. C'était à la fois la fin d'un cycle et le début d'un nouveau.